Des polluants émergents vont être intégrés dans les normes de qualité de l’eau au robinet et les Etats devront promouvoir sa consommation pour réduire les ventes d’eau en bouteilles, ainsi que l’a demandé une pétition citoyenne.
Les citoyens européens l’ont voulu, ils l’ont obtenu. La révision de la directive sur l’eau potable vient en effet d’être adoptée dans les mêmes termes par le Parlement européen et les 27 Etats membres. Cette révision d’un texte vieux de vingt ans est entièrement attribuable à la première « initiative citoyenne européenne » lancée depuis que cette possibilité d’influer sur les politiques européennes a été instaurée en 2011. Pour être examinée par les services de la Commission de Bruxelles, une initiative doit recueillir plus d’un million de signatures respectant une règle de représentation simple : chaque pays doit présenter un nombre de signataires au moins égal à 750 paraphes multiplié par le nombre de députés de la représentation nationale au Parlement de Strasbourg, soit pour la France au moins 59.250 signatures (750 multiplié par 79). Cette étape franchie implique que la Commission doit obligatoirement apporter une réponse. Il y a actuellement 75 initiatives déclarées auprès des services européens et 13 pétitions en cours.
Lancée en 2013, « Right2Water » vise à établir solidement que l’eau reste un service public et un bien commun qui ne doit pas être privatisée. Le texte exige que tous les Européens aient un accès garantis à l’eau et aux services d’assainissement. Ces services doivent être exclus des lois du marché. Et l’Union européenne doit s’engager à augmenter ses efforts pour un accès universel à cette ressource essentielle. La pétition a recueilli plus de 1,8 million de signatures respectant les règles en vigueur. Et la réponse c’est donc une modification du texte législatif.
Les normes de potabilité évoluent avec l’amélioration des systèmes de détection des pollutions
La nouvelle directive est une occasion de toiletter les règles de potabilité édictées à la fin du siècle dernier. En 20 ans, les systèmes de potabilisation ont été améliorés et les instruments de mesures sont désormais capables de détecter des polluants présents en quantité infinitésimale. Les critères de qualité évoluent donc avec l’adjonction de seuils à ne pas dépasser en matière de perturbateurs endocriniens, de produits pharmaceutiques et de microplastiques. Ainsi, les teneurs en bisphénol A sont-elles désormais encadrées. Des limites plus strictes vont être instaurées pour le plomb, le chlorate et le chlorite, le chrome total.